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lundi 9 février 2015

A history of tourism

Les hommes ont toujours voyagé. Migrations de peuplement, conquêtes militaires, échanges commerciaux, pèlerinages religieux mettent en mouvement des hommes et, dans une moindre mesure, des femmes, depuis des temps immémoriaux. Mais les curiosités et l'éventuel plaisir de la pérégrination ne sont alors que des à-côtés du voyage, et non sa raison d'être.
Le tourisme - c'est-à-dire le voyage d'agrément - est apparu à la fin du XVIIe siècle en Angleterre. Les aristocrates anglais ont inventé la plupart des pratiques touristiques actuelles: aussi bien le tourisme culturel que le tourisme thermal; et ce sont eux qui ont "découvert" que la mer et la montagne, des milieux jugés auparavant hostiles à l'homme, lui offraient d'extraordinaires bains de jouvence et terrains de sport.
Quatre siècles plus tard, le tourisme est devenu un loisir de masse. Il provoque les plus importantes migrations que l'humanité ait jamais connues. 898 millions de personnes ont voyagé hors de leur pays en 2007 à des fins touristiques, selon l'Organisation mondiale du tourisme. Et l'arrivée des touristes chinois et des pays émergents devrait encore grossir ces flux dans les prochaines années. Illustration de la mondialisation des moeurs et des échanges. En France, le secteur du tourisme engendre 6,5% du produit intérieur brut (PIB) national. Tout le monde ne part pas pour autant. En France, le taux de départ stagne depuis vingt ans.
Mais au-delà de l'effet de nombre, les motivations de l'homo touristicus contemporain ne diffèrent guère de celles de ses prédécesseurs. Voyages d'initiation ou de découverte, recherche du bien-être, de ressourcement, d'aventure ou de dépaysement: nous suivons le plus souvent des voies bien balisées. En témoigne l'existence des guides touristiques, indispensables compagnons de route du voyageur.
La critique des touristes, ces "pèlerins modernes qu'aucune foi n'anime", selon l'expression du sociologue Jean-Didier Urbain, est d'ailleurs aussi ancienne que le tourisme lui-même. Il lui est reproché, pêle-mêle, sa superficialité, son caractère grégaire, son indifférence aux sites visités, sa négation de l'art du voyage. S'y ajoute aujourd'hui une critique environnementale (destruction de sites naturels, émissions de gaz à effet de serre liées au transport) et politique (marchandisation des sites et des paysages, pratiques néocoloniales vis-à-vis des populations locales). En réaction à ces excès se développent des formes de tourisme alternatives, moins consommatrices et davantage respectueuses des populations et de l'environnement (écotourisme, tourisme social ou solidaire).
Comme tout phénomène social, le tourisme a ses codes. Les destinations se déclinent selon les classes de la société et les saisons, dessinant une géographie sociale sans cesse réinventée. Les destinations touristiques, élues par des précurseurs en quête de distinction sociale, se diffusent ensuite dans la société par imitation et démocratisation, poussant les élites du moment à inventer sans cesse de nouvelles pratiques pour demeurer à l'écart des foules. Dernière illustration du phénomène: pour 200 000 dollars par tête, il est possible depuis cette année de s'offrir un voyage dans l'espace…

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